La ville de Beaucaire, commune du Gard de 15 000 habitants, a été mise en demeure par la CNIL, le 6 février 2023, de cesser l’utilisation, dans l’espace public, de son système de vidéosurveillance composé de 73 caméras, dont « six étaient équipées de dispositifs de lecture automatisée des plaques d’immatriculation des véhicules ».

La Commission a estimé que ce traitement de données était illégal, car sa finalité, qui était de « répondre aux réquisitions des forces de l’ordre en mettant les données ainsi collectées à leur disposition pour l’exercice de leurs missions de police judiciaire », ne faisait pas partie des finalités autorisées par la loi[1].

La CNIL a également estimé qu’une analyse d’impact relative à la protection des données (AIPD) aurait dû être réalisée[2], car le traitement litigieux présentait un « risque élevé pour les droits et libertés des personnes physiques », dans la mesure où les (73) caméras étaient « implantées dans des zones accessibles au public, notamment à proximité d’axes de passage importants et de plusieurs services et infrastructures publics ».

Par ailleurs, des manquements de sécurité ont été relevés, particulièrement :

  • l’utilisation de mots de passe peu robustes dans « trois applications mises en œuvre par la commune » ;
  • l’hébergement de données dans cinq serveurs munis d’un système d’exploitation « plus maintenu par son éditeur depuis le 14 juillet 2015 » – Windows Server 2003 vraisemblablement ;
  • l’absence de « segmentation du réseau » informatique de la commune, c’est-à-dire l’absence de mesures permettant d’éviter que certains équipements reliés au réseau ne communiquent avec d’autres.

Une mise en conformité sous six mois est attendue de la commune.

La commune a fait appel de cette décision auprès du Conseil d’État le 7 avril 2023. Sa demande d’annulation a toutefois été rejetée.

L'avis d'eWatchers (par Morgan Schmiedt)

La commune a déployé soixante-treize caméras, c’est-à-dire une pour 200 habitants. Tous les faits et gestes des habitants de la ville sont donc surveillés de près.

D’après les rapports budgétaires de la commune, le déploiement de la vidéosurveillance a coûté 380k€ en 2019, 500k€ en 2020, 108k€ en 2021, 140k€ en 2022 et 119k€ en 2023, soit un moment total de 1,2M€. Ce (lourd) dispositif, qui nécessitera un coût de maintenance annuel évalué à 50k€, n’a toutefois pas été financé intégralement par cette (petite) commune, car il a été subventionné par l’État à hauteur de 230k€. L’État sait motiver et remercier ceux qui contribuent à la surveillance permanente de la population.

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Notes et références

  1. Particulièrement l’article L251-2 du code de la sécurité intérieure.
  2. Conformément à l’article 90 de la loi Informatique et Libertés.
Sigles et acronymes
  • RGPD : Règlement Général sur la Protection des Données
  • CNIL : Commission Nationale de l'Informatique et des Libertés